L'aquaponie
Catégorie : L'aquaculture
Le mot « aquaponie », traduction de l’anglais « aquaponics », résulte de la fusion des mots aquaculture (élevage de poissons, de crustacés ou autres organismes aquatiques) et hydroponie (culture des plantes par de l'eau enrichie en matières minérales).
L'aquaponie est une technique innovante qui associe – à bénéfices réciproques – un élevage aquacole à une culture hydroponique (culture hors sol et solution nutritive).
Les produits d’excrétion des poissons, après transformation en nutriments par une flore bactérienne associée, servent d’engrais aux végétaux cultivés.
Principes de fonctionnement de l'aquaponie
Tous les animaux, transforment les aliments qu’ils ingèrent en masse (croissance pondérale) et en produits d’excrétion. Ces produits excrétés sont solides (fèces) ou solubles, dissous dans l’eau. Alors que chez les mammifères l’azote est excrété sous forme d’urée, c’est sous forme d’ammoniaque (NH3) qu’il est excrété chez les poissons et les crustacés. L’accumulation d’ammoniaque dans le milieu d’élevage, au-delà d’une certaine concentration, peut devenir préjudiciable aux performances d’élevage, voire toxique. Dans la nature, l’ammoniaque dissous est transformé par des bactéries nitrifiantes (des genres nitrosomonas et nitrobacter en nitrites relativement toxiques (HNO2), puis en nitrates (HNO3).
L’azote constitue l’élément de base de la constitution des protéines. Pour leur croissance, les végétaux assimilent l’azote principalement sous forme de nitrates. C’est ainsi que lorsque l’on fournit de l’engrais à une plante, cet engrais contient des nitrates.
Comme pour l’ammoniaque, un excès de nitrates peut générer des problèmes : toxicité et pollution…
Le principe d’association entre élevage aquacole et culture vise donc à valoriser les déchets du métabolisme des poissons en matière verte tout en permettant de travailler en circuit fermé intégral.
Les poissons sont élevés et nourris dans des bacs hors sol. Ils rejettent en permanence de l’ammoniaque et des phosphates dans l’eau. Cette eau est récupérée par surverse et traitée de façon à éliminer les matières en suspension et à recycler l’ammoniaque en nitrates assimilables par les végétaux. Les végétaux en aval, fixent l’azote et le phosphore pour leur croissance. L’eau débarrassée de ces matières en excès redevient utilisable pour l’élevage des poissons et peut donc être réintroduite dans les bacs d’élevage.
L’élevage aquacole fournit donc les fertilisants pour les cultures de plantes. Les plantes de leur côté jouent le rôle de « station d’épuration ». Les déchets biologiques sont ainsi valorisés au lieu d’être rejetés à l’extérieur de l’élevage et de risquer de polluer l’environnement comme dans les « circuits ouverts ». Cette association permet donc un fonctionnement en « circuit fermé » où l’eau est recyclée en permanence.
Actuellement, les kits d'aquaponie disponibles sur le marché sont plutôt destinés à une utilisation de loisir. Les applications à des fins de production restent encore à échelle pilote. Pourtant, et dans une perspective où l’eau deviendra plus rare et les contraintes écologiques s’intensifieront, l'aquaponie est appelée à se développer. Cette technique permet de s’affranchir de la disponibilité et de l’abondance permanente de l’eau et, du fait des possibilités d’intensification des élevages aquacoles, permet de travailler sur de « petites » surfaces.
Cette technique connaît un engouement important, notamment en Australie et aux Etats-Unis, mais aussi dans les zones arides où l’eau est rare et dans les zones urbaines où le foncier est coûteux.
Aquaponie et UAOM
L’ADEPAM à la Martinique est à l’origine du montage d’un une petite unité d’aquaponie au LEPA du Robert, associant élevage de tilapias et culture de laitue. A la Réunion, c’est l’ARDA qui a mis en place une structure pilote à l’étang salé. Des essais ont été réalisés pour tenter de diversifier les espèces cultivées en association avec les tilapias. Ces deux structures se sont largement inspirées du système développé par le Professeur Jim Rackosy à l’Université des iles vierges américaines.
Le SYPAGUA, souhaite mettre en place un démonstrateur aquaponique en Guadeloupe. L’UAOM disposera donc en son sein d’un réseau de structures aquaponiques, ce qui permettra de lancer des essais comparatifs et expérimentaux dans les années à venir. Les objectifs d’amélioration sont les suivants :
- diversification des cultures associées,
- Réduction des coûts énergétiques par optimisation des circuits hydrauliques,
- Utilisation d’énergie renouvelable,
- Standardisation des procédés de production avant transfert vers d’autres opérateurs.