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La genèse de l’UAOM

Les filières aquacoles de l’outremer, concernées par les mêmes espèces, les mêmes contraintes et spécificités socio-économiques, les mêmes besoins en matière d’innovation et de recherche ont pris conscience de la nécessité de mieux se structurer, d’échanger, de mutualiser ce qui peut l’être.

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L’aquaculture dans l’outremer français : un potentiel insuffisamment considéré !

Porté par des entrepreneurs pionniers, accompagné par l’Etat, les collectivités territoriales et les instituts de recherche, le développement aquacole dans l’outremer français nous livre une histoire riche d’expérience.

Des premiers essais sur la chevrette à l’ouverture sur la pisciculture marine, près de quarante ans se sont écoulés. Le cours des développements respectifs, dans chacune de nos régions ultramarines, est loin de s’apparenter à celui d’un long fleuve tranquille. Que de volontés, d’énergies individuelles et collectives ont été mobilisées pour surmonter les obstacles, convaincre, démontrer, produire !

Dresser un bilan serait péremptoire tant le développement de nos jeunes filières s’inscrit dans le moyen et le long terme : beaucoup de difficultés, des échecs mais aussi de belles réussites, des progrès perceptibles, et la conviction persistante du potentiel de développement de l’aquaculture dans les outremers. Bref de vraies raisons d’y croire !

Nos régions représentent 97% de la ZEE française. Nos conditions thermiques sont favorables à des croissances élevées. La maîtrise de l’élevage de quelques espèces tropicales est aujourd’hui acquise ou en passe de l’être. De nombreux sites restent potentiellement exploitables. Notre éthique de production, qui privilégie le respect de l’environnement et du consommateur, s’inscrit dans le cadre du développement durable. Nos marchés locaux, français et européens sont demandeurs. Tous ces atouts rendent notre potentiel de production considérable et font de l’aquaculture un véritable enjeu de développement pour nos économies insulaires.

Si l’on exclut la perle de Polynésie et la crevette de Nouvelle Calédonie, la production piscicole cumulée des COM ne  dépasse pas 150 tonnes en 2012… Malgré tout leurs atouts, les filières des DOM demeurent sous-développées et fragiles. Un certain nombre de freins structurels en sont à l’origine:

  • une compétition intenable sur des marchés ouverts à la mondialisation,  avec des produits importés de pays tiers affranchis de contraintes sociales et environnementales, qui limite le périmètre du développement à des marchés de niche,
  • une échelle de développement encore insuffisante qui interdit les économies d’échelles et génère des surcoûts (obligation d’importer de l’aliment, coûts fixes difficiles à amortir),
  • un manque de structuration en aval pour commercialiser, promouvoir et transformer les produits, sur les marchés locaux et à l’export,
  • des porteurs de projets fragiles, manquant de fonds propres et quasiment exclus de l’accès au préfinancement bancaire,
  • des délais de réponse beaucoup trop longs pour les porteurs de projets : traitement des dossiers, demandes de concession, permis de construire etc.…
  • une absence de structures « locomotives », opérateurs de taille suffisante pour entrainer l’ensemble des filières dans leur sillage,
  • une insuffisance de moyens en matière de recherche et développement, au regard des enjeux d’avenir,
  • des besoins en capitaux élevés et des besoins en fonds de roulement important ( durée des cycles de production et aléas environnementaux),
  • globalement, un secteur non encore identifiée comme un enjeu de développement économique et social.

Partenaires des programmes :

  • ADEPAM, association pour le  développement de la production aquacole martiniquaise,
  • AQUAMAY, association pour le développement de l’aquaculture de Mayotte.
  • ARDA, association réunionnaise de développement de l’aquaculture.
  • Collectivités territoriales,
  • PARM, pôle agroalimentaire régional de Martinique,
  • ODEADOM , Office de Développement Agricole de l’Outremer
  • UAOM, union des aquaculteurs d’outre mer.
  • SDAPF, Syndicat des Aquaculteurs de Polynésie Française.
  • SPE, Service de la pêche de Polynésie.
  • SYPAGUA, syndicat des producteurs aquacoles de Guadeloupe.
  • SYSAAF, syndicat des sélectionneurs avicoles et aquacoles français.

Les perspectives et objectif

Le déficit commercial en produits halieutiques de l’UE (6 Mds d’€), de la France (1.6 Mds d’€) est très conséquent.

L’aquaculture mondiale qui connait une croissance soutenue depuis 2 décennies est essentiellement tropicale. Où sont les régions tropicales européennes ?

Alors que l’Outremer français, constitue indéniablement LE potentiel de développement aquacole français et européen, son développement reste embryonnaire… Dans ce contexte, nous notons depuis quelques années une évolution perceptible du cadre global. Les Etats généraux de l’Outremer en 2009-2010 ont mis en exergue la nécessité de promouvoir le développement endémique et d’aller vers une autonomie alimentaire de nos îles aujourd’hui trop dépendante de l’importation. Le Grenelle de la mer a mis en évidence le potentiel des ZEE ultramarines. Le prochain FEAMP identifie et individualise l’aquaculture comme une priorité à part entière….

Mais, si les fondements du développement aquacole se mettent progressivement en place dans l’outremer français (compétences techniques, structuration des filières), les handicaps structurels demeurent de véritables freins que seule une politique volontariste, appuyée par l’engagement de tous, permettra de lever afin d’engager un véritable élan d’investissement.

Le potentiel de développement social et économique des outremers est  insuffisamment pris en compte par les autorités de tutelle, les politiques et les investisseurs. La volonté des opérateurs, le savoir faire et l’expérience acquis, la maitrise technique, un appui scientifique aux structures de développement, ne suffiront pas à enclencher une dynamique telle qu’elle permette d’atteindre le seuil critique de développement à même de garantir la rentabilité et la pérennité des filières.

 

Pour espérer accéder à des économies d’échelle, les filières doivent se développer et atteindre un seuil critique de production d’au moins 1000 tonnes/an… a titre de comparaison les iles Canaries ont réussi à faire émerger en 10 ans une filière qui a produit 9000 tonnes en 2010 !

Le déficit des DOM en matière de produits aquatiques avoisine les 120 M d’€ annuels pour 25000 tonnes d’importation… Injecter ne serait-ce que 5% de cette valeur pendant 10 ans dans le développement permettrait de faire émerger une filière significative. On estime que pour 10 tonnes produites en pisciculture marine, 1 emploi direct est généré…

Il est donc urgent d’agir aux niveaux régionaux, nationaux et européens pour impulser une politique ambitieuse, volontariste et crédible dans l’intérêt général pour créer de l’activité, de l’emploi et de la valeur ajoutée. C’est la mise en place d’un cadre attractif et sécurisant pour les investisseurs (aujourd’hui absents du secteur) qui permettra de mobiliser de nouveaux capitaux pour le développement de cette activité d’avenir.

Il faut réfléchir à l’ouverture des marchés aux produits de l’aquaculture ultramarine, analyser les points de blocage, mettre en place des mécanismes adéquats pour compenser les handicaps structurels, valoriser et promouvoir la qualité et l’origine « outremer français », déverrouiller l’accès aux marchés de restauration collective et du tourisme…mais également renforcer les moyens de la recherche aujourd’hui très insuffisants, mutualiser ces moyens au travers des programmes de  coopération régionale.

Suite aux biennales de Guadeloupe, il a été décidé d’affirmer l’engagement de l’UAOM pour le développement économique de l’aquaculture dans l’outremer français. Le potentiel est considérable et tout ou presque reste à faire…L’aquaculture doit maintenant être considéré comme un véritable enjeu de développement pour les outremers. Il faut passer à la vitesse supérieure  et construire un projet pluriannuel autour d’objectifs ambitieux !

Nous appelons à une mobilisation accrue pour l’élaboration d’une véritable stratégie offensive de développement de l’aquaculture des outremers, portée par une ambition nationale, faute de quoi nous gâcherons une belle opportunité de développement pour nos territoires et finirons par déléguer totalement, dans les années qui viennent, notre production aquacole aux pays émergeants et augmenterons d’autant notre niveau de dépendance alimentaire. 

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